Contexte de l'étude

L’agence ETHONOVA* s’est donc concentrée sur l’effet de la voix humaine seule sur le comportement des chevaux au box. L’étude visait à évaluer comment différents timbres de voix et intonations pouvaient influencer les réactions des équidés, mettant en lumière la perception de la voix humaine par le cheval. L’objectif était d’utiliser un média digital pour diffuser la voix pour éviter le biais de la présence de l’humain, et donc de la perception du langage corporel de l’humain par le cheval. L’étude a impliqué 14 chevaux de sport d’âges et de sexes différents, hébergés dans des boxes individuels au sein d’une écurie de valorisation sportive.

« Pour se faire, les voix des 3 cavaliers de la structure (2 femmes, 1 homme) ont été enregistrées dans une pièce isolée de l’écurie, afin d’éviter un maximum les bruits ambiants. Il a alors été demandé aux cavaliers de reproduire les expressions vocales qu’ils utilisaient le plus auprès des chevaux avec deux intonations différentes : une intonation « calme », qui aurait pour but de rassurer le cheval, et une intonation plus « tonique », qui aurait pour but de faire une remontrance au cheval qui effectuerait un comportement dangereux. Les signaux « calme » duraient entre 3 et 4 secondes, tandis que les signaux « toniques » duraient entre 1 et 2 secondes. Pour ce qui est des enregistrements des voix inconnues, il a été demandé à 3 personnes extérieures à la structure (2 femmes, 1 homme) d’imiter les signaux des cavaliers (intonation, mots utilisés). » explique Claire Neveux, la responsable de l’étude.

Avant de procéder aux tests, les chevaux ont été soumis à une phase de familiarisation, avec un dispositif de communication acoustique similaire à celui de l’OSKKIO. Cette phase a permis aux chevaux, au fil des présentations du dispositif, de s’habituer à la présence de ce dernier. En complément, l’équipe a utilisé un questionnaire de personnalité équine. Ce questionnaire a permis de recueillir des informations sur leur tempérament, leurs réactions face à différentes situations et leur niveau de sensibilité.

La recherche menée sur l’impact de la communication humain/cheval a apporté des conclusions significatives quant à l’interaction entre les voix humaines et le comportement des chevaux. « Lors des tests de réactivité à la voix, les voix connues ont engendré plus de manipulations du dispositif de la part des chevaux que les voix inconnues. De plus, les voix d’origine inconnue engendrent beaucoup moins de réactions que les voix connues, qu’elles soient douces ou toniques. Cela pourrait souligner que les chevaux de l’étude ont reconnu les voix de leurs soigneurs avec lesquels ils sont habitués à interagir. De même, les signaux « toniques », c’est-à-dire ayant pour but de dissuader un cheval d’effectuer un comportement dangereux ou répréhensible, qu’ils proviennent de voix connues ou non, semblent engendrer plus de freezing** chez les individus que les signaux « calme », ce qui concorde avec certaines études comme celle de Sankey et al. (2011), où il a été montré qu’en réponse à une ordre vocal connu, les chevaux obéissaient de la même façon du moment que la personne qui le leur donnait, qu’elle leur soit familière ou non, était attentive à leurs actions. » précise Claire Neveux.

Ces résultats mettent en lumière l’importance de la reconnaissance des voix humaines par les chevaux et soulignent le rôle important de l’intonation dans la communication humain-cheval. Dans une situation où le cheval ne vous voit pas physiquement, il pourra vous reconnaitre par le biais de votre voix transmise à travers le dispositif acoustique, quel que soit le lieu où il se trouve (van, camion, paddock, box…). La capacité des chevaux à distinguer les différentes nuances de la voix humaines et à y réagir en conséquence démontre leur sensibilité et leur capacité cognitive. Le cheval peut reconnaître l’origine des voix qui lui parlent, sans pour autant voir la personne, comme l’ont démontré de récentes études qui ont mis en évidence le fait que les chevaux soient capables de différencier les voix humaines, mais également de les associer à un visage (Jardat et al., 2021).

Cela ouvre la voie à des pratiques de communication plus efficaces, basées sur des résultats scientifiques dans le domaine équestre, contribuant ainsi au bien-être optimal des chevaux.